Nos retraites pour tout comprendre avant la bataille...

Rédigé le 10/01/2023
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Bonjour à tous,

La réforme des retraites est présentée ce mardi 10 janvier. Nous proposons un recap pour mieux comprendre les bases du système, les paramètres de calcul des pensions, les réformes les plus importantes et les mécanismes essentiels.                                 

Comment calcule t-on une pension de retraite ?

Une pension de retraite est calculée selon la formule suivante :
Salaire de référence x taux de liquidation x coefficient de proratisation

Le taux de liquidation correspond au taux plein augmenté de la surcote ou diminué de la décote. Le coefficient de proratisation est le rapport entrer le nombre de trimestres validés et le nombre de trimestres requis.

On entend partout parler de réforme systémique, et de réforme paramétrique. Mais cela veut dire quoi ?

Une réforme systémique vise une refonte totale du système de retraites. Tel était le cas du projet de retraites par points envisagé en 2019. Le système français est dit “par répartition” : les cotisations d’un trimestre paient les pensions du trimestre suivant.

Une réforme paramétrique ne modifie qu’un paramètre de calcul, sans toucher à l’ensemble du système. C’est le cas du projet actuel qui prévoit un allongement de l’âge légal de départ à 64 ou 65 ans.

L’âge légal de départ est l’âge minimum à partir duquel un assuré est en droit de partir en retraite, c’est-à-dire l’âge auquel il liquide ses droits.

Fixé à 62 ans pour les assurés nés à compter de 1955, il permet de partir avec une retraite de base, mais pas nécessairement une retraite à taux plein.

L’âge du taux plein (67 ans) permet de ne pas subir de décote sur le montant de sa pension, et donc de percevoir une retraite à taux plein même si l’on n’a pas le nombre d’annuités (ou de trimestres) requis (entre 41 et 43 selon l’année de naissance, voir le tableau ci-dessous). Partir après l’âge du taux plein permet au contraire de bénéficier d’une surcote. Ainsi, l’assuré a le choix entre détenir le nombre d’annuités minimales ou partir à 67 ans pour avoir une retraite à taux plein.

L’âge légal correspond rarement à l’âge réel de départ en retraite, et encore moins à l’âge auquel on quitte le marché du travail, à savoir l’âge auquel on cesse effectivement de travailler, sans pour autant percevoir une pension de retraite.

Le gouvernement s’appuie sur le dernier rapport du Conseil d’orientation des retraites (Cor). Il réalise des hypothèses sur la part des dépenses de retraite dans le PIB et les déficits prévisionnels du système en se fondant sur les scénarios gouvernementaux de croissance et de chômage.

Selon le rapport, il n’existe pas d’explosion des dépenses de retraite dont la part dans le PIB reste stable. En revanche, le ratio du nombre d’actifs par rapport au nombre de retraités se réduit (1,7 en 2020, 1,2 en 2070).

Par ailleurs, après les excédents des années 2021 et 2022, le régime de retraite “ serait en moyenne déficitaire, quels que soient la convention et le scénario retenus”, indique le Cor. Ces déficits sont cependant relativisés : le Cor indique la présence d’un “artefact statistique” lié aux hypothèses de taux de chômage du gouvernement. Il déclare que “de fortes incertitudes entourent les travaux de projection réalisés dans ce rapport”.

Les opposants à la réforme avancent au contraire que le report de l’âge légal pénaliserait les plus précaires, les personnes aux carrières hachées et les femmes. Ils jugent que le financement des retraites peut être amélioré par d’autres mesures.

Non, trois leviers économiques permettent d’agir sur le financement du régime de retraite : l’âge de départ, le niveau des pensions, le taux de cotisation des employeurs et des salariés.

Plus de personnes travaillent et paient des cotisations sur leur salaire, plus les ressources du régime sont importantes. Or, la France souffre d’un déficit d’emploi des seniors : seulement 33 % des personnes âgées de 60 à 64 ans travaillent. D’où la demande des syndicats de prévoir des mesures de renforcement de l’emploi des seniors afin de leur éviter d’attendre 64 ou 65 ans en étant ni en emploi ni en retraite.

1993 : réforme Balladur
– Augmentation du nombre d’annuités requises à 40 au lieu de 37,5 ;
– Calcul du montant des pensions en référence aux 25 meilleures années au lieu de 10.

1995 : plan Juppé 1
– Projet abandonné (en raison d’une forte mobilisation) d’aligner les retraites du secteur public sur celles du privé.

1997-2000 : mesure Jospin
– Commande du rapport Charpin puis abandon de toute projet de réforme
– Création d’un fonds de réserve pour les retraites ;
– Création du Conseil d’orientation des retraites (COR).

2003 : réforme Fillon
– Augmentation du nombre d’annuités requises à 41 ans à compter de 2012 et 42 ans à compter de 2020 ;
– Création d’une surcote autour de l’âge de 60 ans ;
– Création de la retraite anticipée pour carrière longue ;
– Instauration de la possibilité de racheter des trimestres ;
– Création d’un régime facultatif de retraite par capitalisation (Plan épargne retraite populaire, PERP) et des plans d’épargne entreprise (PERE) et collectif (PERCO).

2008 : le rendez-vous de 2003
– Confirmation de l’augmentation du nombre d’annuités à 41 ans à compter de 2012 ;
– Mesures sur l’emploi des seniors.

2010-2011 : réforme Sarkozy
– Report à 62 ans (au lieu de 60) de l’âge légal de départ entre 2012 et 2018 ;
– Maintien des 60 ans en cas d’exposition à la pénibilité ;
– Report à 67 ans (au lieu de 65) de l’âge de l’annulation de la décote entre 2016 et 2022.

2013 : réforme Touraine
– Augmentation des cotisations employeur et salarié de 0,3 %
– Augmentation à 43 ans du nombre d’annuités requises pour avoir une retraite à taux plein d’ici 2035 pour la génération de 1973, au rythme d’un trimestre tous les 3 ans ;
– Dispositif “carrières longues” ;
– Création du compte pénibilité ;
– Possibilité de valider des périodes de maternité/chômage/apprentissage.

2020 : réforme Macron
– Abandon du projet de retraite par points.